25.6.12

Humeur du jour


Vite, cours, attention, il s’échappe. 
Vite, cours, rattrape le, serre le encore, oui tout contre toi, comme ça, dis lui que tu ne te sens pas complet sans lui. Les gens ne diront rien, ils se moqueront légèrement peut être…. Ridicule… je ne sais pas, puisque tu l’aimes tant. Ha non, moi je n’en veux pas, n’aies pas peur. Oui, je le trouve exaltant, excitant, déroutant. Mais non je n’en veux pas ! Il te rend fou parfois…. Quelqu’un d’autre semble le convoiter ? Lui casser les jambes, à qui ? À l’autre ? Pour le récupérer ? Lui crever les yeux je trouve ça mieux…moi… non je te l’ai dit je n’en veux pas. C’est vrai, d’ailleurs je n’en ai pas moi-même, ou peut être un ou deux très bien cachés et certainement quelques-uns un peu  magiques, et puis… je n’ai jamais trop compris comment ça fonctionnait. Certains me sont tombés dans les bras parfois, mais je les abandonnais rapidement au coin d’une route. En fait, je n’ai jamais voulu les garder, je finissais toujours par les jeter dans les bras d’un autre…

C’est pour ça je te regarde, oui je t’observe, tu m’intrigues, tu en convoites un autre, plus grand encore… alors pourquoi ne pas quitter celui là ? Ha oui tu l’aimes aussi, tu en voudrais plusieurs. Oui très heureuse puisque je te l’ai dit. Et puis les petits sont les pires pour moi, ils sont si petits que les gens ont sans cesse peur de les égarer. Je les vois, ils sont comme toi, tout d’un coup, ils s’agitent et se mettent à jouer comme dans un opéra comique, d’ailleurs les spectateurs se lèvent à la fin de l’acte, et tu les verras même applaudir parfois, moi… j’ai toujours regretté d’avoir payé ma place.

Souviens toi, au début, plusieurs fois je n’ai pas vu le tien, je ne faisais pas attention. Souviens-toi comme tu me l'a brandis d’un coup, d’un ton sévère. Et puis tu as tourné les talons décidé en criant « c’est le mien » ! » Tu me le prête… pour m’amuser, pour t’excuser, jusqu’à demain, mais que vais-je en faire de ton petit pouvoir ?


19.6.12

Poème en C



Capitaine Couché

la Cartouchière à ses Côtés

dé-Culotté
Caressé
Cravaché

mes Crocs
ta QUeue

tu Cries
Canaille

1.6.12

J'ai Marseille au cœur


     "Je suis né à Marseille. De père italien et de mère espagnole. D'un de ces croisements dont la ville a le secret. Naître à Marseille n'est jamais un hasard. Marseille est, a toujours été, le port des exils, des exils méditerranéens, des exils de nos anciennes routes coloniales aussi. Ici, celui qui débarque un jour sur le port, il est forcément chez lui. D'où que l'on vienne, on est chez soi à Marseille. Dans les rues, on croise des visages familiers, des odeurs familières. Marseille est familière. Dès le premier regard.
     C'est pour ça que j'aime cette ville, ma ville. Elle est belle pour cette familiarité qui est comme du pain à partager entre tous. Elle n'est belle que par humanité. Le reste n'est que chauvinisme. De belles villes, avec de beaux monuments, il y en a plein l'Europe. De belles rades, de belles baies, des ports magnifiques, il y en a plein le monde. Je ne suis pas chauvin. Je suis marseillais. C'est-à-dire d'ici, passionnément, et de tous les ailleurs en même temps. Marseille, c'est ma culture du monde. Ma première éducation du monde.
     C'est par ces routes de navigation anciennes, vers l'Orient, l'Afrique, puis vers les Amériques, ces routes réelles pour quelques-uns d'entre nous, rêvées pour la plupart des autres, que Marseille vit, où que l'on aille. Paris est une attraction. Marseille est un passeport. Quand je suis loin, et cela m'arrive souvent, je pense à Marseille sans nostalgie. Mais avec la même émotion que pour la femme aimée, délaissée le temps d'un voyage, et que l'on désire de plus en plus retrouver au fur et à mesure que passent les jours.
     Je crois à cela, à ce que j'ai appris dans les rues de Marseille, et qui me colle à la peau : l'accueil, la tolérance, le respect de l'autre, l'amitié sans concession et la fidélité, cette qualité essentielle de l'amour. (...)
     J'aime croire - car j'ai été élevé ainsi - que Marseille, ma ville, n'est pas une fin en soi. Mais seulement une porte ouverte. Sur le monde, sur les autres. Une porte qui resterait ouverte, toujours."


Marseille, Jean-Claude IZZO.