Vite, cours, attention, il
s’échappe.
Vite, cours, rattrape le, serre le encore, oui tout contre toi,
comme ça, dis lui que tu ne te sens pas complet sans lui. Les gens ne diront
rien, ils se moqueront légèrement peut être…. Ridicule… je ne sais pas, puisque
tu l’aimes tant. Ha non, moi je n’en veux pas, n’aies pas peur. Oui, je le
trouve exaltant, excitant, déroutant. Mais non je n’en veux pas ! Il te
rend fou parfois…. Quelqu’un d’autre semble le convoiter ? Lui casser les
jambes, à qui ? À l’autre ? Pour le récupérer ? Lui crever les
yeux je trouve ça mieux…moi… non je te l’ai dit je n’en veux pas. C’est vrai, d’ailleurs
je n’en ai pas moi-même, ou peut être un ou deux très bien cachés et certainement
quelques-uns un peu magiques, et puis…
je n’ai jamais trop compris comment ça fonctionnait. Certains me sont tombés
dans les bras parfois, mais je les abandonnais rapidement au coin d’une route.
En fait, je n’ai jamais voulu les
garder, je finissais toujours par les jeter dans les bras d’un autre…
C’est pour ça je te regarde, oui
je t’observe, tu m’intrigues, tu en convoites un autre, plus grand encore…
alors pourquoi ne pas quitter celui là ? Ha oui tu l’aimes aussi, tu en
voudrais plusieurs. Oui très heureuse puisque je te l’ai dit. Et puis les
petits sont les pires pour moi, ils sont si petits que les gens ont sans cesse
peur de les égarer. Je les vois, ils sont comme toi, tout d’un coup, ils s’agitent
et se mettent à jouer comme dans un opéra comique, d’ailleurs les spectateurs
se lèvent à la fin de l’acte, et tu les verras même applaudir parfois, moi…
j’ai toujours regretté d’avoir payé ma place.
Souviens toi, au début, plusieurs
fois je n’ai pas vu le tien, je ne faisais pas attention. Souviens-toi comme tu
me l'a brandis d’un coup, d’un ton sévère. Et puis tu as tourné les talons
décidé en criant « c’est le mien » ! » Tu me le prête… pour
m’amuser, pour t’excuser, jusqu’à demain, mais que vais-je en faire de ton petit pouvoir ?