Bruxelles-Port-au-Prince



On n’avait jamais parlé de notre rencontre...

From Bruxelles: "... Et j’en avais à peine une vague idée, quelques images floues: une année étudiante à Marseille, beaucoup de soleil, beaucoup de déconvenues. Une troupe de théâtre : on ne se connaît pas on se côtoie, on fume des cigarettes, on danse un peu déjà. Debout sur un tabouret, avec ta perruque grand marquis du 17ème siècle, tu nous impressionnes tous . 
La veille de ton départ en Equateur, une discussion agitée. Un fugitif instant on est déjà seules mais ensemble. Une vie à Paris et puis mon départ en Argentine. Plusieurs milliers de kilomètres nous séparent encore mais je me rapproche de toi. 
Se rencontrer à mi-parcours, finalement ne pas se rencontrer à mi parcours. 
Retour en France. 
Paris, une soirée, des fauteuils rouges et du bruit. Et puis Marseille à nouveau. Un peu par hasard. Je t’appelle pour que tu me dépannes. Juste pour quelques jours.... 
Coup de foudre , 
Marseille s’illumine et prend vie, 
nous ne serons plus jamais seules"

 
From Port-au-Prince: "... et pourtant j’y repense souvent avec précision. Marseille, couloir d’école blanc, … et cols blancs, vie abstraite. Cours de théâtre, où je fais semblant d’être à l’aise, comme je fais semblant dans la vie. Regards croisés, les gens qui font semblant se reconnaissent en général. Et pourtant pas si évident, tu me mets mal à l’aise, je n’ose pas te parler, je n’arrive pas à savoir qui se cache derrière le masque. J’évite le plus possible de me retrouver seule avec toi, et cela durera un moment. Tu auras pourtant essayé de nombreuses fois avec une simplicité déroutante comme si tout était évident, ce qui me dépassait complètement, moi qui me laisse difficilement approcher. Nous nous sommes croisés pendant deux ans, très peu parlées, beaucoup observées. J’ai fini par accepter un déjeuner à la veille de mon départ en Equateur, au cours duquel tu m’as parlé d’un voyage que nous pourrions faire ensemble. Moi complètement angoissée, j’accepte un déjeuner, je me retrouve embarquée dans un voyage, j’ai dit oui oui, j’y ai souvent pensé, mais dans ma tête à ce moment là, tout manquait de simplicité. Retour d’Equateur et d’Argentine, soirée parisienne, j’aime bien ce que tu me racontes, ça me parle, enfin tu me parles à demi-mot, et déjà ça me suffit…
Je repars, et là tu me dis que tu viens t’installer. Apparemment chez moi. L’angoisse me reprend, un déjeuner donne un voyage, un diner une vie commune. Pour moi qui vis comme un ours, laisser entrer quelqu’un dans ma chambre, devoir dormir avec, relève de l’exploit. Mais cette fois je te dis vraiment oui, je n’ai pas envie que tu me trouves coincée, et puis je me dis que ça fait trop longtemps que je fuis. Arrivée à Marseille, j’ai l’impression d’avoir loupé un wagon, tu me présentes comme une grande amie, comme quelqu’un qui compte, comme quelqu’un que tu aimes, et j’aime ça.
Je me sens un peu bête, et je me dis que c’est toi, parce que tu as raison c’est simple et évident…"





 


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